Le touriste, qui, confortablement installé à l’arrière de son tuk-tuk, empruntera cette toute nouvelle portion de route qui longe un côté de l’hôtel Sofitel à Siem Reap, se dira tout simplement, à la vue de cette flaque d’eau : “tiens, il a du pleuvoir ici. Pourvu qu’il ne pleuve pas durant mon séjour”.
Le Barang qui emprunte cette route, lui, ne se dira pas qu’il a plu. Ça, il le sait.
Il se dira qu’au Cambodge, on a inventé le concept de route jetable.
Et ça, c’est une révolution en soi. Avant que l’Occident n’entre en voie de sous-développement, il arrivait qu’il y soit construit des routes faites pour durer, de bonnes vieilles routes avec des caniveaux de chaque côté destinés à drainer les eaux des pluies. Et, ainsi bien construites, ces routes pouvaient durer trente ans.
Au Cambodge, pays où il pleut six mois de l’année, lorsqu’on construit certaines routes, on s’encombre rarement de creuser des canaux de chaque côté pour y évacuer l’eau. On sait que la route sera détruite dans moins d’un an, en fait immédiatement après la saison des pluies car, justement, l’eau aura fait son oeuvre.
Il s’agit là de routes jetables, à jeter après les pluies.
Il en va ainsi de la mondialisation.
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